Difficile de ne pas pas penser à ce domaine emblématique du Rhône nord lorsque l'on évoque Crozes-Hermitage.
Sur le plateau argilo-calcaire et les galets roulés de Pont de l'Isère, le domaine Combier, mené par Laurent Combier, offre des vins avec toujours plus de finesse et d'élégance. Les syrah du domaine Combier sont aussi charmantes dans leur jeunesse que délicates après quelques années en cave. Cet incontournable domaine de la vallée du Rhône produit des vins en agriculture biologique sur les appellations de Crozes-Hermitage et Saint-Joseph.
Apprendre à savoir-faire, dans la vigne et en cave. Chercher la finesse, celle d’un grand terroir et d’un grand vin. Résister aux critiques et tracer de nouvelles voies. Dans la vallée du Rhône, le domaine Combier est un précurseur de l’agriculture biologique, de la renommée de Crozes-Hermitage et de l’élégance de ses vins. L’histoire commence en 1936 quand le grand-père de Laurent descend de son Ardèche natale pour acheter une petite propriété de trois hectares de vignes et 4 hectares d’abricotiers à la Roche de Glun. Un an avant la reconnaissance de Crozes-Hermitage en tant qu’appellation (1937), les premiers jalons d’un presque siècle à venir de viticulture sont posés. Camille Combier vend son vin en cubi aux habitants de la région et en profite pour planter quelques Syrah, de sélection massale, d’Hermitage sur une parcelle qui deviendra célèbre : le clos des Grives. Il faut attendre les années 1960 et l’installation des parents de Laurent, Paulette et Maurice, à Pont de l’Isère pour voir le domaine s’affirmer.
A l’époque, les vins sont vendus aux ouvriers qui descendent le Rhône, puis à la Cave de Tain l’Hermitage et à Jaboulet. Les vins de Crozes-Hermitage n’ont pas encore la réputation qui les précèdent aujourd’hui. A l’aube de cette seconde partie du XXème siècle, les abricots sont plus lucratifs que les raisins de cuve. Les fruits sont vendus directement au marché, l’argent rentre plus facilement dans les portefeuilles tandis que le raisin transite par les négociants ; le paiement se fait de longs mois plus tard.
Camille, Maurice, et Paulette poursuivent pourtant leur travail sans relâche. Dans une époque productiviste et en pleine expansion de la consommation, la mode est aux produits phytosanitaires pour assurer les récoltes. A la fin des années 1960, Maurice Combier fait une allergie à des produits de traitement agricoles. C’est un tournant pour Maurice. Le domaine n’utilisera plus de produits phytosanitaires pour ses vignes et arbres fruitiers. Quitte à passer pour un fou, Maurice a l’intime conviction que ces produits sont néfastes pour les sols, ses raisins, l’environnement et sa famille. Il faut alors persévérer, réapprendre à travailler autrement et se battre contre ceux qui n’y croient pas.
C’est le début d’une longue aventure, ouverte par Maurice et transmise au reste de la famille : celle de l’agriculture et viticulture biologique. Le domaine attire la curiosité des experts agricoles, les millésimes sont parfois difficiles (le gel en 1975) et les faux-pas sont scrutés. Les parents de Laurent décident alors de quitter la cave coopérative pour commencer à vendre leurs vins. Ne pas écouter la doxa, construire sa propre expérience, comprendre la nature sont autant de rengaines qui animent la vision de la famille Combier. Un entêtement salvateur qui aboutit en 1981 à l’obtention du label biologique. Une fierté pour Maurice. Celle d’un homme qui a cru en son terroir, son intuition et affiné sa démarche au gré des échecs et réussites.
Labelliser le travail d’une vie est une chose, transmettre en est une autre. A la fin des années 80, Laurent Combier, fils de Camille, reprend le domaine constitué de 5 hectares de vignes et d'une quinzaine d’arbres fruitiers. En compagnie de sa femme Ghislaine, Laurent cherche à porter les vins de Crozes-Hermitage au sommet. Ce mordu de vin, diplômé de viti-œnologie, décide d’équiper le domaine d’une nouvelle cave de vinification et d’élevage en 1990. Son objectif ? Magnifier le terroir et les vins que la génération précédente lui a légués. Formé à Bandol et Pernand-Vergelesses, baigné dans l’agriculture biologique, Laurent ne pense à aucun moment changer de modèle. S’il arrache quelques hectares d’abricotiers pour planter de la Syrah en sélection massale, il conserve toutefois la polyculture si emblématique du domaine.
En parallèle, le domaine continue de s’agrandir avec l’achat d’un hectare de Saint-Joseph, à Saint-Jean de Muzols, au début des années 90. En 2002, le domaine rachète même quelques vignes en altitude dans le Priorat, en Espagne, en compagnie de Jean Michel Gérin (Domaine Gérin) et Peter Fischer (Révelette). Les vins s’affinent, grâce à une préservation du sol, de l’esprit Combier mais aussi sous l’impulsion de choix forts comme l’introduction de nouveaux contenants. Laurent Combier décide de vinifier une partie de ses raisins en cuves et amphores béton pour conserver la délicatesse des vins, la finesse des tanins et l’élégance du grain. Le domaine franchit un cap et devient emblématique de l’appellation Crozes-Hermitage.
Plus de 30 ans plus tard, la passion est intacte. David et Julien Combier prennent peu à peu la suite, aiguillés par Laurent mais décidés à imprimer leur dynamisme. Épris de vins, les deux frères poursuivent le travail familial avec enthousiasme et fraîcheur. La vision est nette : si le domaine n’a pas attendu les consommateurs pour se mettre au bio, il faut poursuivre l’héritage. Sensibiliser, éduquer, préserver sont les maîtres mots des décennies à venir.