Domaine Jolivet

A quelques encablures du Rhône, le domaine Jolivet taille sa réputation de millésime en millésime. Converti à la viticulture biologique, le domaine, mené par Bastien Jolivet et son père, ne cesse de travailler vers un objectif de qualité. À la sueur du front et de la réflexion, les deux hommes optent pour des choix forts qui se ressentent dans la qualité des vins proposés. Sans artifices mais avec une bonne dose d’intelligence et de compréhension de leur environnement, le père et le fils s’attèlent à surprendre chaque année par des vins expressifs, authentiques et révélateurs de leur terroir.

Le domaine Jolivet, une évidence


Pour qui sillonne les routes du Rhône, le domaine Jolivet est un passage obligatoire à Saint-Jean-de-Muzol. Remarqué par la revue des Vins de France en 2020, comme découverte de l’année, Bastien Jolivet n’a pas attendu la presse spécialisée pour se démarquer au sein de l’appellation Saint-Joseph. Comme il le raconte volontiers, le vin n’a pas toujours été une évidence pour lui. Plus jeune, les vendanges avec son père avaient le goût de corvée. Mais rien n'étant figé dans la roche, Bastien entrevoit avec l’âge une vocation : vigneron. Après quelques années à s’expérimenter en Afrique du Sud, chez Rijks, et en Nouvelle-Zélande, Bastien rentre dans la vallée du Rhône et travaille chez Stéphane Montez, au domaine du Monteillet. Les quatre années passées au domaine affinent ses connaissances, cultivent son ouverture d’esprit et le poussent à sauter le pas.





Le bon sens au service de la qualité


En 2014, il reprend le domaine familial en compagnie de son père. Son premier choix est fort : quitter la cave coopérative. Le domaine vendait jusque-là ses raisins à la cave coopérative de Tain-L’Hermitage depuis plus de 50 ans. Mais Bastien a l’instinct et le talent du vigneron de demain. Il comprend le potentiel des vignes, de son terroir et prend les risques nécessaires pour construire sa réputation. Sortir de la coopérative est une chose, réussir ses premiers millésimes en est une autre. Très vite, les vins attirent l’attention et permettent au domaine de s’agrandir.





De 5 hectares à l’époque de son père, le domaine passe à 10 hectares aujourd’hui. Quelques hectares de plus mais surtout une attention portée sur la qualité des plants de vigne. Les clones des années 70-80, qui produisent beaucoup de raisins peu qualitatifs, sont petit à petit remplacés. Lilian Bérillon, pépiniériste, est sollicité pour des conseils sur les plants de vigne, la sélection massale est envisagée pour tendre vers cet objectif de qualité. « Boire moins mais mieux » commence par cultiver mieux.





Regarder l’avenir : savoir-faire, inventivité et résilience


Soucieux de préserver son terroir et l’héritage qu’on lui lègue, Bastien Jolivet poursuit le travail de son père et décide de se convertir à l’agriculture biologique. Adepte du temps long et de la remise en question, il ne cesse de s’interroger sur les évolutions de son environnement. L’érosion des sols en coteaux l’a poussé à construire, à la main, des murs de pierre récupérées aux alentours. Le temps des vendanges qui ressemblaient à des corvées paraît loin.





Il faut voir l’homme parler pour comprendre qu’il est habité par l’ambition de toujours s’améliorer. Ses derniers projets ? Replanter des vignes de qualité sur la parcelle rachetée à sa tante, prendre le temps de rénover un bâtiment au fond du domaine ou encore augmenter son volume de production sans toucher à la qualité de ses vins. Ses réflexions sur la viticulture sont saillantes et toujours ouvertes à la discussion. 





Être sûr de savoir là où il veut aller, sans rechigner à changer d’itinéraire et de moyens s’il le faut, est certainement sa plus grande force. En cave, chaque parcelle est vinifiée séparément puis assemblée avant d’être mise en bouteille. Bastien Jolivet tient à préserver l’approche parcellaire à la vigne et en cave mais à ses yeux, le vin en bouteille doit correspondre à une image précise du domaine. En goûtant les vins en cours d’élevage, le discernement du vigneron apparaît : l’empreinte du terroir, la philosophie du domaine et la science de l’assemblage se lisent avec une grande clarté dans le verre. L’expérience acquise et la curiosité lui permettent de tisser l’histoire liquide qu’il veut raconter, celle de l’abnégation.