Vallée du Rhône

Quelle est l’histoire des vins de la vallée du Rhône ?

Cultivée par les Grecs et les Romains, centre névralgique de la papauté au 14ème siècle, la vallée du Rhône fait partie des vignobles emblématiques en France. Bénéficiant de la route commerciale qui relie le sud au nord de l’Europe pendant l’Antiquité, le vignoble repousse les frontières de la culture de la vigne le long du fleuve du Rhône ; dès le 1er siècle, le poète Martial fait l’éloge de « Vienne la Vineuse » et Pline mentionne le vin des Allobroges comme un vin de qualité. Le déclin du commerce méditerranéen au 5ème siècle, l’avènement du monde nordique et de la religion rebat les cartes ; le vignoble connaît une période difficile.

Il faut attendre l’installation de la papauté à Avignon au 14ème siècle pour revoir le vignoble s’épanouir, notamment avec la consommation des vins de Châteauneuf-du-Pape. Malgré le départ de la papauté d’Avignon au début du 15ème siècle, les vins des papes conservent une belle réputation : Rome importe massivement les vins du Rhône. La Bourgogne, soucieuse de protéger ses intérêts et son commerce de vins, interdit les vins de Vienne, Tournon et Lyon à la fin du 15ème siècle. En parallèle, le grand port de Roquemaure, dans le Gard, permet à la région d’exporter ses vins. En 1737, le roi Louis XV promulgue un arrêt classifiant huit communes de la viguerie d’Uzès en tant que crus des Côtes du Rhône. La marque Côtes du Rhône est affirmée, le vignoble délimité et l’exportation des vins reprend de plus belle. Porté par la réputation grandissante de ses crus comme Hermitage, le vignoble connaît un essor jusqu’au 20ème siècle mais doit se reconstituer après le phylloxéra et les guerres mondiales.

La création des AOC en 1936 sous l’impulsion de Baron Le Roy, viticulteur, ancre Châteauneuf-du-Pape comme l’une des appellations historiques française. Les années 60 marquent également le retour d’une génération de vignerons et négociants inspirés qui remet progressivement le vignoble du nord en haut de l’affiche. Yves Cuilleron, Marcel Guigal, Michel Chapoutier, Pierre Gaillard ou encore Gérard Chave innovent et transforment le Rhône septentrional : Côte-Rôtie, Condrieu, Saint-Joseph, Crozes-Hermitage, Hermitage et Seyssuel reviennent à la mode. Porté par les critiques, comme Robert Parker dans les années 80, le vignoble fait aujourd’hui partie des plus prisés du monde.



Où se trouve le vignoble de la Vallée du Rhône?

Comment parler du vignoble du Rhône sans évoquer son fleuve-roi qu’est le Rhône ? De part et d’autre du fleuve, du sud de Lyon au sud d’Avignon, les collines, côteaux et plaines se parent de vignes sur plus de 250 kilomètres et plus de 66 000 hectares. Une étendue de vigne qui demeure néanmoins segmentée en deux grandes sous-régions. Au nord, Côte-Rôtie, Condrieu, Château-Grillet, Saint-Joseph, Hermitage, Crozes-Hermitage, Cornas et Saint-Péray s’étendent le long du Rhône. Au Sud, les vignes s’éloignent légèrement du Rhône et s’étendent sur trois départements : la Drôme, le Vaucluse et le Gard (ainsi qu’une toute petite partie en Ardèche).



Quel est le climat dans la vallée du Rhône ?

Pour comprendre le climat de la vallée du Rhône, il convient de séparer le Rhône septentrional du Rhône méridional. Au nord le climat est plus continental, plus pluvieux et moins ensoleillé qu’au Sud. Les hivers sont froids, la pluviométrie aux alentours de 800mm et les étés chauds. Les meilleurs sites sont exposés au sud et l’ensoleillement est de 2100 heures par an. Le vignoble est majoritairement situé en bordure du Rhône, sur des pentes raides, pour bénéficier de l’effet de réchauffement du fleuve.

Le sud se caractérise par son climat méditerranéen, avec une pluviométrie moindre (600mm), un ensoleillement plus important (2700hectares) et des étés chauds. Les hivers sont doux et les étés ensoleillés et longs. La sécheresse est un problème de plus en plus préoccupant dans la région.

Les deux sous-régions voient le mistral souffler du nord au sud, des montagnes vers la mer ; les vignes sont ainsi conduites sur échalas, notamment dans le Rhône septentrional pour protéger les jeunes vignes de la force du vent. Si le mistral peut réduire la pression fongique, il peut également causer des problèmes de coulure au moment de la floraison, à la fin du printemps.



Quels sols composent le terroir du Rhône ?

Les vins du Rhône se définissent par plusieurs types de sols suivant leur localisation. La vallée du Rhône résulte d’un effondrement entre le Massif central et les Alpes.

Au nord, de Vienne à Valence, la nature des sols est majoritairement granitique, avec quelques schistes, gneiss et lœss. Le granit permet aux vins du Rhône nord de livrer toute leur finesse et acidité avec une certaine structure.

Dans le Rhône méridional, le vignoble devient plus plat, à quelques exceptions près comme dans les dentelles de Montmirail ou à Beaumes-de-Venise. Les sols sont majoritairement calcaires sur la rive droite et argilo-calcaires, de grès et galets roulés comme à Châteauneuf-du-Pape sur la rive gauche. Les vins y sont souvent plus puissants et opulents.



Quels sont les cépages du Rhône ?

Les deux parties de la vallée possèdent chacune leurs spécificités d’encépagement et de cépages utilisés pour les vinifications. Il est courant de voir les vins de la partie septentrionale être élaborés à partir d’un monocépage, quand ceux de la partie méridionale sont souvent issus d’assemblages.

Le viognier

Son fruit charmeur, sa texture opulente et son acidité relativement faible font du viognier un vin souple, séduisant et aromatique qui se plaît particulièrement dans le Rhône septentrional et dans les climats modérés à chauds. Quasiment en voie de disparition au début des années 60, il connaît un regain d’attention grâce à l’appellation de Condrieu notamment. Ses délicats arômes de pêche, abricot, violette ou encore de cannelle plaisent à de nombreux amateurs. Il est également utilisé en co-fermentation avec la Syrah à Côte Rôtie et dans les appellations Côtes du Rhône et Côtes du Rhône Villages.

La roussanne

Compagnon de route de la marsanne dans les assemblages, ce cépage blanc révèle des arômes de pêche blanche, de chèvrefeuille voire de miel. La roussanne apporte la finesse, une certaine minéralité et une trame relativement tendue qui contraste avec son toucher de bouche, onctueux et délicat. Elle est notamment utilisée à Saint-Joseph ainsi qu’à Hermitage, Crozes-Hermitage, Saint-Péray ou encore à Châteauneuf-du-Pape.

La marsanne

Plus riche que la roussanne, la marsanne apporte du corps aux assemblages. Acidité faible et alcool élevé font de la marsanne un élément structurant pour les vins blancs. Poire, amande et notes herbacées sont des marqueurs phares de ce cépage. Elle a tendance à moins bien vieillir que la roussanne ; elle est utilisée dans les mêmes appellations que la roussanne.

Le grenache blanc

Cépage blanc par excellence du Rhône méridional, le grenache blanc est régulièrement assemblé tant pour les vins secs que pour les vins doux naturels. S’il est sensible à l’oxydation, il est néanmoins apprécié pour sa capacité à produire des vins riches, volumineux et emblématiques du Rhône Sud. Ses notes florales complètent une palette aromatique autour de la poire et de la pomme.

Le bourboulenc

Méconnu, le bourboulenc est un cépage blanc particulièrement apprécié pour sa capacité à supporter la sécheresse et la chaleur du Rhône méridional. Bien équilibré, il complète les assemblages, comme à Châteauneuf-du-Pape, en apportant sa fraîcheur et ses subtiles notes de pamplemousse, citron et pierre à fusil.

La clairette

Cépage historique du Rhône méridional, la clairette se plaît sur les sols pauvres et résiste bien à la sécheresse. Également sensible à l’oxydation, ce cépage blanc est reconnu pour ses arômes de fenouil, tilleul et de fruits à noyau. Ses amers et sa trame salivante contrastent avec sa bouche ronde, charnue et grasse. Si la clairette peut être vinifiée dans tous les styles de vins, c’est surtout pour ses effervescents qu’elle est connue : Clairette de Die et Clairette de Bellegarde sont les deux appellations du Rhône méridional qui lui réservent l’exclusivité.

Le grenache noir

Le cépage-roi des vins rouges de la partie méridionale est aussi l’un de ceux qui résistent le mieux à la chaleur et au mistral. Il se plaît particulièrement sur les sols sableux et les galets roulés de Châteauneuf-du-Pape. On le retrouve également à Vacqueyras, Gigondas ou encore en Côtes du Rhône. Son niveau de tanins peu marqué et son intensité colorante moyenne le rendent sensible à l’oxydation. C’est un cépage qui a tendance à produire un haut niveau de sucre et d’alcool ; il est ainsi régulièrement assemblé à la syrah, au mourvèdre voire au carignan. Il peut aussi être vinifié en rosé comme à Tavel. Ses arômes de fruits rouges (cerise, fraise, framboise), d’épices (poivre, réglisse) et de garrigue envoûtent de nombreux fins palais.

La syrah

Tout amateur de vins devrait un jour plonger son nez dans ce cépage si caractéristique du Rhône nord. L’élégance de ses vins, ses robes profondes, ses arômes enjôleurs de fruits noirs (cassis, cerise), de violette, d’épices (poivre noir) régalent les palais dans le monde entier. Souvent élevée en fût de chêne pour éviter son caractère réducteur, la Syrah est la star incontestée des appellations Côte-Rôtie, Saint-Joseph, Hermitage, Crozes Hermitage. Elle y est quasiment toujours vinifiée en monocépage (sauf à Côte-Rôtie chez certains producteurs où elle est co-vinifiée avec le viognier) et souvent conduite sur échalas pour la protéger du vent.Elle est également utilisée en assemblage dans la vallée du Rhône méridional.

Le mourvèdre

Troisième wagon du trio emblématique du Rhône méridional, le mourvèdre est également un cépage qui apprécie les fortes chaleurs. Sa puissance, son intensité colorante, ses tanins prononcés viennent apporter la charpente et la structure des assemblages Grenache-Syrah-Mourvèdre. Ses fragrances de fruits noirs (mûre, prune), de réglisse, de poivre voire animales le rendent apte à une longue garde.

Le cinsault

Le Cinsault ou Cinsaut est un cépage encore méconnu du Rhône mais qui a de beaux jours devant lui tant il est résistant à la sécheresse et peu sujet aux pressions fongiques. Mais encore ? Relativement productif, il apporte cette touche de sérénité et d’apaisement dans les vins du sud. Souplesse, fluidité, gourmandise sont ses maîtres mots. Une fraîcheur renforcée par les délicats arômes de fruits frais comme la framboise ou la cerise ainsi que de subtiles notes d’épices.

Le carignan

Réputé dans le Languedoc, le carignan trouve également sa place dans les assemblages du Rhône. Vigoureux, il donne néanmoins de très grands vins lorsque ses rendements sont maîtrisés. Son intensité colorante, son acidité élevée, ses tanins puissants lui confèrent une place parmi les grands vins de garde. Ses arômes ? Des fruits noirs, un peu de réglisse, du cuir et une touche finale de violette.

D’autres cépages sont autorisés comme la counoise (ou moustardier), le muscardin, le vaccarèse, le camarèse, le piquepoul noir, le terret noir ou encore le grenache gris.



Quelles sont les grandes appellations des vins du Rhône ?

La vallée du Rhône se compose de 10 IGP et 28 AOC. L’IGP la plus courante est l’IGP Ardèche qui compte près de 150 cépages autorisés. L’IGP collines rhodaniennes s’étale de Privas à Vienne et comptabilise une trentaine de cépages autorisés.Les autres IGP sont : IGP Alpilles, Bouches du Rhône, Comtés Rhodaniens, Isère, Coteaux des Baronnies, Drôme, Méditerranée et Vaucluse. La grande partie des vins produits sont des rouges à hauteur de 75%. Le reste se répartit en blanc (10%) et rosé (15%). Les vins du Rhône se répartissent en plusieurs catégories :

L’AOC régionale : il s’agit de l’AOC Côtes du Rhône qui peut être produite en rouge, blanc et rosé. 48% des vins proviennent de l’AOC-Côtes-du Rhône.

L’AOC village : L’AOC Côtes du Rhône Village qui peut également être produite dans les trois couleurs. 12% des vins de la région proviennent des Côtes-du-Rhône villages.

L’AOC crus des Côtes du Rhône : On en dénombre 17 qui se répartissent entre le Nord et le Sud. Les crus du Nord représentent 6% des vins de la région et 9% pour les crus méridionaux

Autres AOC de la Vallée du Rhône : Ni crus ni AOC villages, ces appellations sont généralement moins connues mais également qualitatives. Il s’agit de Châtillon en Diois, Costières de Nîmes, Clairette de Bellegarde, Clairette de Die, Côtes du Vivarais, Crémant de Die, Duché d’Uzès, Grignan-les-Adhémar, Luberon, Ventoux, Pierrevert et Coteaux de Die.

Il existe également deux AOC qui font des vins mutés. De l’alcool est rajouté pour stopper la fermentation et ainsi garder des sucrés résiduels. L’AOC Rasteau produit des vins doux naturels en plus des vins rouges tranquilles et l’AOC Muscat Beaumes-de-Venise se consacre aux vins doux naturels dans les trois couleurs.



Quels sont les vins des Côtes-du-Rhône ?

L’appellation Côtes-du-Rhône s’étend de Vienne à Avignon sur six départements (Ardèche, Drôme, Gard, Loire, Rhône et Vaucluse) et 30 000 hectares. Si les étés sont chauds et secs, il est de plus en plus courant de voir des épisodes orageux et de grêle. L’influence du mistral est également forte. Les sols varient en fonction de la localisation des vignes : galets, argiles, cailloux, lœss et sables. L’appellation admet 21 cépages. Traditionnellement le Grenache est le cépage majoritaire, suivi de la syrah, du cinsault, carignan, counoise ou encore terret. Les vins varient de rouges souples et avec une belle buvabilité à des vins plus structurés et solaires.



Quelle est la différence entre Côtes du Rhône et Côtes du Rhône villages ?

Les vins des Côtes du Rhône villages sont situés sur les même sols que sur l’AOC Côtes du Rhône mais les règles sont plus strictes : rendement, encépagement, degré alcoolique, aire d’appellation. Les vins de Côtes du Rhône villages peuvent également porter une dénomination géographique complémentaire ; 22 villages sont reconnus comme tels. Les vins sont plus concentrés, corsés et de meilleure garde que dans l’AOC Côtes du Rhône.



Quelles sont les appellations des vins du Rhône septentrional ?

Les vignobles du Rhône septentrional s’étendent sur 65 kilomètres du nord au sud du Rhône. La plupart des vignobles sont sur les pentes raides et soumis au mistral. Les vins sont concentrés, de grande qualité, et connaissent un attrait particulier depuis quelques années. Il existe 7 crus septentrionaux dans la vallée du Rhône nord.

Côte-Rôtie

Petite appellation de 250 hectares à faibles rendements, la Côte Rôtie est réputée pour ses pentes raides et son vignoble en terrasses au-dessus d’Ampuis. L’exposition au sud et à l’est permet un ensoleillement maximal et une protection optimum des vents du nord. La vigne est également conduite sur échalas. Les sols reposent sur des roches métamorphiques avec d’une part la Côte Blonde composée de Gneiss et de granit majoritairement et d’autre part la Côte Brune composée de micaschistes et riches en oxydes de fer. Si la Côte-Rôtie produit des vins rouges à partir de Syrah, elle autorise néanmoins la complantation et cofermentation du Viognier (jusqu’à 20%). Les vins sont riches, denses et tanniques ; le viognier apporte une certaine fraîcheur et une aromatique florale. Le vignoble de Côte-Rôtie a connu une réputation grandissante que récemment ; jusqu’au début des années 70, le vignoble ne comptait que 70 hectares. Sous l’impulsion d’Etienne Guigal et de son fils Marcel notamment, le vignoble a récupéré ses notes de noblesse jusqu’à la consécration par les années Robert Parker. Aujourd’hui, cette appellation fait partie des fleurons de la vallée du Rhône et est particulièrement réputée pour ses deux côtes : côte blonde au sud et côte brune au nord.

Condrieu

Nichée entre le Rhône et le massif du Pilat, cette petite appellation du Rhône septentrional est mondialement connue. Avec ses 190 hectares de viognier, Condrieu produit de majestueux vins blancs, gras et onctueux. Bien aidés par une exposition sud, le viognier de Condrieu arrive à maturité pour offrir une aromatique remarquable : pêche, abricot et violette en sont les marqueurs. Le vignoble est reconnaissable à ses coteaux abrupts, à l’instar de Côte-Rôtie, où la vigne vient puiser ses nutriments dans des sols de gneiss avec un terroir à majorité granitique. La vigne y est plantée en terrasses. Quasiment disparue à la fin des années 60, l’appellation Condrieu renaît notamment sous l’impulsion des familles Vernay et Cuilleron.

Château Grillet

Rare domaine à bénéficier d’un monopole d’appellation, Château Grillet est la propriété de François Pinault. Ce tout petit vignoble de 3,5hectares a été porté aux nues par le critique culinaire et gastronome Maurice Edmond Sailland, dit Curnonsky, comme l’un cinq plus grands vins blancs du monde avec Yquem, Montrachet, la Coulée de Serrant et Château-Chalon. Ce vin d’exception tant pour ses rendements que sa qualité est reconnaissable à la concentration aromatique du viognier élevé dans fûts de plusieurs vins.

Saint Joseph

Produite en rouge et en blanc, la célèbre appellation Saint-Joseph se situe à hauteur du 45ème parallèle. Sur la rive droite du Rhône, le vignoble est réputé pour ses syrah de grande élégance et ses vins blancs élaborés à partir de Roussanne et Marsanne. Il est également possible d’ajouter une peu de roussanne et marsanne dans l’assemblage (maximum10%)/ Bien exposé au sud, le terroir granitique permet à la syrah de s’exprimer subtilement tout en ayant une certaine puissance en bouche. Les blancs sont généralement gras avec un toucher de bouche sphérique ainsi qu’une longue trame minérale. Les domaines Chave et Gonon ont longtemps porté l’appellation à l’international mais aujourd’hui de jeunes vignerons talentueux comme Bastien Jolivet sont amenés à en devenir des fers de lance.

Hermitage

Du côté de la rive gauche du Rhône, la légendaire colline d’Hermitage concentre l’attention de tous les plus grands collectionneurs, des romains jusqu’à Robert Parker en passant par Alexandre Dumas. Nommée ainsi en hommage à l’ermite, Gaspard de Stérimberg, cette petite appellation délivre de mythiques vins à base de syrah pour les rouges et de marsanne et roussanne pour les blancs. Il est également possible d’ajouter de la roussanne et du marsanne dans les rouges à hauteur de 15%. Les arènes granitiques d’Hermitage sont recouvertes par des micaschistes, alluvions, cailloux, gneiss qui permettent aux vins d’affirmer toute leur puissance et richesse qui viendra s’atténuer avec le temps. Ces grands vins du Rhône sont portés par des vignerons et négociants de talent à l’instar de Chapoutier, Jaboulet et Chave. Dans les années chaudes, quelques vins de paille à partir de marsanne et roussanne sont réalisés par certains vignerons.

Crozes-Hermitage

La plus grande appellation du Rhône septentrional se décline en rouge comme en blanc. La syrah est toujours reine et la marsanne et la roussanne se partagent l’affiche du côté des blancs. Vins de plaisirs et de gourmandises à table, les Crozes-Hermitage rouges développent des arômes floraux, fruités et puissants. L’appellation se divise entre le nord qui se rapproche d’un style plus structuré, comme à Hermitage, et le sud qui propose des vins plus faciles à boire dans leur jeunesse. En blanc, les vins demeurent gras mais conservent une certaine fraîcheur en bouche. Des domaines comme Laurent Combier ont porté l’appellation pendant longtemps mais de jeunes domaines la revitalisent, comme le domaine des 4 Vents.

Cornas

L’appellation Cornas n’autorise que les vins rouges à base de Syrah. Les coteaux sont aménagés en terrasses sur des sols essentiellement granitiques. Les amateurs ont eu un regain d’intérêt pour ce vignoble au début des années 80 grâce à une génération de vignerons et domaines talentueux comme Thierry Allemand, Stéphane Robert du Domaine du Tunnel ou encore le domaine Auguste Clape. Sur les « terres brûlées » de Cornas, les vins sont concentrés, riches, quasiment noirs et durs dans leurs premières années. Avec le temps, le vin s’assagit et offre sa version la plus subtile : truffe et cuir exhalent leurs parfums délicats.

Saint-Péray

Produite uniquement en blanc à partir de marsanne et roussanne, l’AOC Saint-Péray élabore également des effervescents depuis 1826 grâce au vigneron Louis-Alexandre Faure. Saint-Péray est le cru le plus au sud des vins septentrionaux. Ses sols à majorité calcaire, argilo-calcaire et granitique permettent l’élaboration des vins blancs de caractère. L’aromatique des vins se dessine autour des fleurs blanches, de l’amande voire du miel.



Quelles sont les appellations des vins du Rhône mérdionnal ?

Les vignes du Rhône méridional s’étendent de Montélimar à Avignon. Bien plus grande que le Rhône nord, la région représente en volume 90% des vins de la vallée. L’assemblage classique pour les rouges est le fameux GSM, c’est à dire Grenache noir, Syrah, Mourvèdre. Les blancs sont majoritairement à base de grenache blanc, marsanne et roussanne. Les grenaches sont conduits en gobelet tandis que la syrah est palissée. Le climat méditerranéen peut causer des problèmes de sécheresse dans les années très chaudes. L’influence du Mistral rend les conditions asséchantes pour la vigne. La topographie est plus plate que dans le nord à quelques exceptions près (dentelles de Montmirail et le Mont Ventoux notamment) ; la protection contre le mistral y est donc moins importante que dans le nord. Les galets roulés constituent une partie des sols de la région, comme à Châteauneuf-du-Pape mais on retrouve également des terroirs argilo-calcaire, de sable, de grès, de marnes ou encore caillouteux.

Vinsobres

Appellation située au nord-est du Rhône méridional et de la Drôme, Vinsobres est élevée au rang de cru en 2006. Son terroir frais est situé en face du Mont Ventoux à une altitude comprise entre 200 et 450 mètres. Les vents du Mistral et le Pontias accentuent cet effet fraîcheur et permettent une maturation lente de la baie des raisins Bien que le grenache soit majoritaire, la syrah a commencé gagner du terrain avec le réchauffement climatique. Le Mourvèdre est également présent en plus faible proportion. Aujourd’hui, 30 % du vignoble est en agriculture biologique et biodynamique. Les vins sont riches mais fins, les tannins délicats permettent d’apporter une certaine finesse en bouche. La garde des vins de Vinsobres peut aller jusqu’à 10 ans.

Cairanne

Reconnu comme cru des Côtes du Rhône en 2006, Cairanne se situe dans le nord-ouest du Vaucluse. L’appellation produit en grande partie des vins rouges (94%) et des vins blancs (6%). De très rares rosés y sont élaborés. Les cépages principaux sont traditionnellement le grenache (50% minimum), mourvèdre et syrah pour les rouges et le grenache blanc, la clairette, le bourboulenc, la marsanne, le roussanne et le viognier pour les blancs. Le carignan et le cinsault sont également présents pour apporter un bel équilibre aux vins rouges. Sur les terrasses de l’Aygues, les vignes sont plantées sur des sols caillouteux, avec des sables fins et argiles. Les vins produits ont des tannins fins et demeurent élégants. Au nord, sur la montagne du Ventabren, les calcaires et marnes dominent. Les vins sont plus profonds et épicés voire de grande garde. Enfin, au sud, les terroirs d’alluvions caillouteux offrent des rouges gorgés de soleil et avec des maturités plus importantes.

Rasteau

A 200 mètres d’altitude, en plein cœur du Haut-Vaucluse, Rasteau a la particularité de produire à la fois des vins rouges concentrés et puissants, comme ceux de la Font Notre Dame mais aussi des vins doux naturels essentiellement à base de grenache blanc et noir. D’autres cépages sont autorisés comme le mourvèdre, la syrah, le cinsault pour les rouges. Les vins doux naturels sont issus de vieilles vignes (plus de 50 ans), vendangés à la main et produits dans les trois couleurs. Ils peuvent être qualifiés de grenat, blanc, tuilé, ambré, hors d’âge et rancio en fonction de leur vieillissement et élevage. Les vignes sont exposées au sud et reposent sur des sols caillouteux qui permettent de maximiser la maturation des grappes.

Gigondas

Les romains l’appelaient Jucunditas pour la joie et l’allégresse que procurait son paysage. Au pied des dentelles de Montmirail, la montagne admirable, 1200 hectares de vigne viennent renforcer cette sensation ; Gigondas est remarquablement belle pour ses paysages escarpés, ses oliviers mais surtout pour ses vins racés. Dense, profond, intense dans leur approche, ils se révèlent délicat, fin, immenses à leur apogée, à l'image des vins du domaine du Pourra. Vous aimez la rondeur et le corps d’un vin ? Le grenache y est roi et ravit les palais des plus gourmands. La syrah et le mourvèdre viennent compléter le traditionnel assemblage. Depuis 2022, le Gigondas blanc est autorisé avec la clairette comme cépage principal (70% minimum) et d’autres cépages complémentaires en assemblage (bourboulenc, marsanne, grenache blanc, ugni blanc, viognier, piquepoul, roussanne ou encore clairette rose.)

Beaumes-de-Venise

Le magnifique village de Beaumes-de-Venise abrite des vins rouges caractériels à base de grenache et syrah notamment. Le terroir de Beaumes-de-Venise se décompose en trois types de sols : les terres rouges du trias, les sols argilo-calcaire marneux et des sols de limon, argile et sable. Les vins produits sont denses, aux fragrances de fruits rouges et d’épices.

Vacqueyras

A proximité de Gigondas et Beaumes-de-Venise, les vignes de Vacqueyras se plaisent sur des sols sablo-argileux ainsi que quelques galets roulés. Ces vins puissants et rustiques se déclinent en trois couleurs. Le fameux GSM représente 90% de l’encépagement pour les rouges. En blanc clairette, grenache blanc, viognier, marsanne et roussanne participent à 80% de l’assemblage. Les vins sont fruités et floraux. Les rosés ont du corps et du fruit.

Châteauneuf-du-Pape

Autour de cinq communes, l’appellation Châteauneuf-du-Pape fait partie des cinq premières appellations à avoir été créées sous l’impulsion de Baron Le Roy en 1936. Les blancs comme les rouges jouissent d’une solide réputation. Argiles rouges, safres (sables compactés) et les fameux galets roulés composent le terroir. Sur les safres, les vins sont élégants et raffinés. Les galets roulés restituent la chaleur et permettent aux vins de s’affirmer avec ampleur et puissance. 13 cépages sont autorisés dont 8 en rouge. Les vins de Châteauneuf-du-Pape livrent leur plus complexe expression après de longues années de garde.

Lirac

A quelques kilomètres d’Avignon, Lirac propose des vins structurés et denses qui rappellent de légers airs de Châteauneuf-du-Pape. Ce cru de 600 hectares, déjà apprécié au Moyen- ge, a longtemps été connu pour ses rosés confidentiels mais propose aujourd’hui des blancs et des rouges en constante progression, comme au domaine Maby ou Font Notre Dame. Aujourd’hui les vins rouges à base de grenache, syrah, mourvèdre et cinsaut composent 85% du volume de production de l’appellation. Galets roulés, éboulis calcaires et sables permettent à la vigne de s’exprimer pour livrer des vins puissants et intenses mais avec élégance et finesse.

Tavel

Cette petite appellation située sur les coteaux de la rive droite du Rhône est entièrement dédiée au rosé. Rosé de gastronomie avec l’étoffe d’un grand vin, le tavel s’exprime dans toute sa splendeur lorsqu’il est servi à table. Épicé, fruité, coloré ou encore charnu, le Tavel sait séduire par sa gourmandise tant à l’œil qu’en bouche. Si le grenache est majoritaire pour apporter rondeur et friandise, d’autres cépages sont admis, souvent pour rafraîchir l’ensemble, comme le cinsault, le bourboulenc, la clairette ou le picpoul.

On retrouve également d’autres appellations comme Duché d’Uzès, Costières-de-Nîmes, Grignan-Les-Adhémar, Ventoux, Lubéron ou encore Pierrevert.